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Chroniques: Vu du pont

Vu du pont

 

 

( 1)

 

La chaleur ruisselle en tropicales trajectoires. J’ai peur que cette fête aussi soit  un espoir déçu. Récemment, le monde m’est devenu un peu étranger. Je traîne de vieilles colères sur lesquelles je crains de mettre des noms. Dernière épreuve, la marche, les sacs. Après, c’est retour au pays natal. Au sens figuré s’entend.

 

Premiers tracts, premières parades. Je prends les premiers avec la reconnaissance naïve de qui s’étonne de n’être pas transparent. Je regarde les deuxièmes avec la reconnaissance soulagée de qui a été en manque et s’émerveille du premier visage masqué , de la première fanfare qui passe.

 

Alors, donc : Qu’est ce que c’est ? Que voyez-vous ? Que fait il ? Que faire ? Qu’est ce que cela veut dire ? Ce sont les questions du jour, et elles ne sont pas de moi.

 

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 ( 2)

 

 

Sous les anges une longue ligne d’assis les pieds dans le vide. Des centaines de badauds pour un hâbleur de rue qui fait rire l’assemblée en manipulant quatre choisis parmi la foule. Pas vraiment méchant, pas mal cliché quand même, pas satisfaisant.

A vingt mètres de là le délicat jongleur silencieux que personne ne regarde pose ses balles et renonce.

 

Hier il était question d’un point qui tiendrait le monde en équilibre. Si on marche dessus, on déclenche l’apocalypse. Aujourd’hui, un qui sourit de l’intérieur me parle de son spectacle, tracts en main. Il me racontera , dit-il,  comment le temps ne passe pas mais tombe, et comment au bout du compte on peut en faire ce qu’on veut. Evidemment j’ai envie d’aller voir, si je trouve le temps. Et même, je pourrai, si je me débrouille bien, être à deux endroits à la fois.

 

 

 

Deux jeunes gens dans la rue. Elle : « Tu es charmeur, tu plais , tu aimes plaire, c’est dans tes gènes. Moi c’est différent. C’est pour ça que je souffre davantage. » ( Ou a-t-elle dit : C’est pour ça que j’ai peur ?) Ils se tiennent la main. Il est silencieux. A l’écoute semble-t-il, mais muet. La foule nous sépare. J’invente des histoire possibles.

 

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 ( 3)

 

Musiciens. Chansons douces en espagnol. Un duo discret avec guitare. Le bruit des autres ne les dérange pas.

Autres, un peu péremptoires dans leur dérision du monde. Humour un peu vert comme fruit pas mur. Mais un petit noyau de promesses .

Autres, une voix qui pulse, un accordéon, un sourire échangé. Les sourires dans cette ville sont fragiles comme des nénuphars en papier mais rayonnants comme des soleils provisoires. Les rencontres se font et se défont entre moins dix et moins neuf, toute une vie en une minute, le temps de séduire un possible spectateur, la vie c’est pas facile m’sieux dames, mais un sourire l’embellit comme un petit miracle, les relookers télé peuvent aller se rhabiller. On parle des spectacles et au fond on parle d’autre chose. On rejoue l’éternel Koltès. N’auriez vous pas parlé de quelque chose que vous désireriez et que je pourrais vous vendre ? Et vous, n’auriez vous pas parlé de quelque chose que vous auriez à vendre et que je pourrais désirer ?

 

Un qui danse parle de racines, d'identité, de chemins. Il donne envie d'aller voir. Ca tombe bien, c'est prévu. Il dit qu'il aurait envie de sonner chez les gens et de danser pour eux. Ca me rappelle un sublime. Ca tombe bien. Il y a un lien. Dansé. Mémoire. Chemin.

 

Les nouvelles du monde ne sont pas très bonnes. Faire quelque chose avec sa peur. Une création. De l'art. Je m'échappe d'un BOND. Non, j'y cours.

 

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       4

 

Le spectacle commence et l'orage aussi. Nous aurons vu deux scènes, à peine incommodés, prêts à rester sous les trombes. Mais la scène aussi est trempée, il y a des risques techniques. Nous attendons un temps assis au sol, à l'abri des couloirs, dans un léger abandon qui nous rend tous plus proches, un peu. Le spectacle est annulé. Je n'aime pas les rendez-vous manqués.

 

Celui qui danse me réconcilie avec le monde. Il s'appele Hamid. Il fut off, il est in. Facile à trouver. Courez -y, sauf si vous aimez rester fâchés avec le monde, ou si vous n'aimez pas les soleils qui rayonnent au milieu du chaos.

 

Ecrire, jouer, rire,  avec eux qui m'ouvrent des portes autant que j'essaie d'en ouvrir pour eux. Emotions partagées du voir, du dire, de l'expérimenté pour le plaisir.

 

 Prendre le temps . Me sens dans l'envie de prendre le temps.

 

Longue, longue conversation d'amies retrouvées. Malgré les conflits les non dits la vie la mort le temps.

 

Ombre et lumière, toujours. Plaisir aussi des moments de solitude choisie. De toutes les surprises possibles . Prête aux surprises. Parfois, désir, parfois peur.

Mais finalement, cette curiosité, toujours, cette envie d'aller voir.

Ne pas avoir à choisir.

Tout voir.

 

Allez, faut qu'j’ y aille! rendez-vous lundi!

 

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Je me suis rendue compte que « Vu du pont » était aussi le titre de la revue municipale…..Mais comme ils l’ont   eux-mêmes   emprunté…..

 

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Ici, passer d’une rue à l’autre c’est souvent passer d’une humeur à l’autre… Il n’y a pas seulement un in et un off, (enfin, je devrais dire deux off, beckettienne invention dont il faut rire avant d’en pleurer ), non il y a en fait des festivals, des mondes qui se côtoient et parfois se rencontrent, des petites bulles, des trajets croisés…

 

 

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Passé le pont de chemin de fer, tourner à droite, on y parle d’amour , de tous les amours, ça ne se refuse pas !.. Recueil de paroles, passeurs de textes, rythmes ; de jubilants corps découpent l’espace, l’habitent, le dansent, le chantent. Encore une petite dose d’humain. Vaccin peut être dérisoire contre les barbaries, et pourtant… qu’avons-nous d’autre  que ces obstinations de fourmis ?

 

 

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Dire les cendres, aussi, en un espace au nom d’antique héros de Mésopotamie. Les clowns tragiques et la femme qui nomme. Ce texte- là, absolument aussi. Ces corps, cette espace. Pour la mémoire. Parce que tout le monde. En espérant que.

 

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Urgence puisque. Comme le nom de là où les boxeurs. Mécanique parfaite pour démonter l’autre. Avant le chaos ? Déjà là, le chaos ? Peut être en rire, même si ça grince. Beau travail.

 

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Et puis, témoins il faut, vaches même. Là il faut traverser le Belge jardin. Mais quelle jubilation ce travail ! Du papier au plateau. Cailloux. Strates. Secrets . Celui là d’urgence aussi, pour l’étonnement et l’évidence.

 

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Des images, comme cailloux pré-cités, ( le bruit aussi, sous les pas !)  Comme les ampoules nues suspendues dans un autre espace. Ce qui subsiste  dans la mémoire .

 

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Les ritournelles et les chansons. Le duo piano/chanteur et les mots  emmusiqués , un lieu aux consonnances de bévue écolière. Des mots qu’on se rappelle. « Monsieur le président, je vous fais une lettre.. » Les nouvelles du poste sont pas bien meilleures. « Faut rigoler » ? ? ? ? ?… On essaie, on essaie.. Bond dit qu’il écrit pour que ces futurs d’horreur n’arrivent pas. Essayer que.  Les artistes  crient de tous les pores de leur peau écorchée, un Allemand nommée Kurt , ( Weil aussi, mais pas de lui que je parle, )  tentait de même d’être entendu  en son temps, Servais peut être l’a croisé un jour.

 

 

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Beau et bon week end.

 

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Aujourd’hui grève des artistes, ici.

 

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Aujourd’hui, aussi, mon anniversaire.

 

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Parfois, quand je travaille avec eux, je crois voir à travers leurs visages d’adultes, leur manière d’être, leurs énergies, leurs sourires, l’enfant qu’ils ont été. C’est troublant ce fil qui lie l’adulte à l’enfant d’autrefois. Comme si nous étions strates, pelures d’oignon, avec au centre  cette mystérieuse présence de nous-même dans un autre temps. De même, quand je travaille avec des adolescents, cette question, que seront-ils, comment seront ils ? Les photos de classe comme indice du papillon à sortir de la chrysalide…

 

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La foule d’ici. Les paroles échangées avec des inconnus. Comme étincelles qui s’embrasent brièvement et s’éteignent aussi vite pour repartir ailleurs.  Je rencontre aussi des voyageurs de ma vie de maintenant, des voyageurs de ma vie passée, (parfois si lointaine que leurs visages pourtant si familiers ne se rattachent plus à une histoire), des voyageurs de ma vie à venir. Etrange impression de déjà les connaître. Envie de les connaître.  Le temps plié, comme disait le doux-amer  poète de l’autre soir ? Va savoir…

 

 

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6

 

Quelle pièce  passionnante que cet enregistrement public du  « Masque et la plume » ! Un de mes vieux mythes sonores, et voilà les visages imaginés, et voilà les rôles si bien rôdés, un plaisir, un plaisir, un plaisir ! (Bon, peut être pas pour ceux que cette émission a éreintés….assez violemment parfois, et de façon un peu péremptoire ….mais c’est le jeu, sans doute ?…  ) Tiens, il me vient une idée… Si nous faisions un « masque et la plume » du « masque  et la plume ».. ? 

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Ubu , une histoire un peu usée ? que nenni, que nenni ! Au théâtre populaire, tréteaux et foulard rouge, on fonce ,on dance ,on éructe ,on invente, on rigole, on effraie, on chante, on fait des…Bref, c’est du vivant, de l’actuel, du chansonnier, du ….gasp !…politique ! les éléments de décor ne sont pas là pour faire joli, ils jouent et rejouent ! ( et ils ne sont pas les seuls !). manque juste un peu de monde sur les gradins………………..voyez euc’que j’veux dire ?  Merdre !

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Inattendus.. le titre, l’écriture.. et il y a deux mises en scènes de ce texte…..une véritable incitation à se donner le plaisir du double spectacle… des variations…et aiguiser son regard de spectateur..

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Slam ! Claque de mots,

percussifs poèmes à fleur de peau. Off pas si  off, off we go !

Parfois se saoûlent de mots, tentation ivre d’en faire trop,

 mais jamais trop quand les mots tonnent, klaxonnent, résonnent ,

luttent,

alors juste un peu de je en cascade, bon..

jeu de je, dire, dire en cavalcade, mais dire quoi,

dire je, juste je ?

Je, thème adolescent, ça dure, adolescent de cent ans, possible, revendique, oui

je , à la place du silence,

 je , j’existe, je parle, je slamme donc je suis,

je scène donc je ne saigne plus,

 droit au je, droit de dire,

conquis de haute lutte,

alors je, pourquoi pas,

et tu, un peu, tu m’aimes, ne m’aime pas, mais beaucoup mieux, beaucoup mieux dit, oui,

slammé plutôt poète, plutôt reçu, entendu, super-super, c’est une secte

-ou quoi ?

Sympas,  c’est sûr, et venus de loin dans leur vie, oui,

 mais c’est quoi ces mains, c’est quoi les codes ? Ca marche pas sinon ?

 Ca soude un groupe, ça identite, mais si je le fais pas, quoi ? Parfois

 ça slamme un peu comme on l’attend,

comme il faut faire, technique, rythmique, scandé comme dans le film,

 comme en anglais, comme un écho de -Kerouac Ginsberg Kaufman Ferlinghetti

dans les années cinquante à New York,

 comme-les jeunes du poetry reading à Caerphilly quand jeune aussi, loin,

c’est sûr, mais comme un fil, un relai, un-poème,

qui n’en finirait jamais, qui- dirait l’humain comme il peu, tirant sa force de ce jeu, des voix uniques, des univers revendiqués,

des histoires, des fêlures, des ruptures,

 des regrets, des différences, des je kaléïdoscopés,

péremptoires ,généreux, sincères, cassants,

impudiques, scandaleux, rigolards, courageux, cassés, ressucités,

beaux,

 SLAM.

 

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 7

 

 

Fatigue du corps, niée la fatigue, marche et vis. Le corps ici, différent. Plus compact, plus agile, le moteur comme neuf, les pieds ont refait le stock d’endorphines dans les coussinets. Marcher est nécessaire et jouissif, aller vers, tracer des routes, marcher dans les pas des autres et dans ses propres pas, encore et encore. La peau brûlée, cuite. Bouteille d’eau fraîche, des litres de survie. Le temps est un cadeau. Un monde. Je marche :.. : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : « Pessimisme de raison, optimisme de volonté », dit Lacascade sous les platanes de la grande cour.  Et des tas de choses qui font du bien à la partie de nous qui parfois doute . Concernant le théâtre et le monde. Le sens. Le travail. Le groupe. L’utopie. La veille on a vu le spectacle de bien trop haut dans la cour d’honneur, et sur des sièges genre torture dont le tressage plastique colle aux cuisses et aux vêtements et massacre les lombaires. Et malgré tout ça, contagion de l’énergie des corps, des géométries des lignes, trajets,

attirances, abandons, destructions, déchirures. Mais comme j’aurais voulu être en bas, là bas, juste devant la scène, dedans, dedans, immergée.  : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : :

Sur l’île fraîche, à gauche au milieu du pont, petits chapiteaux et caravanes, et un gars tout seul qui fait tout Shakespeare en trois heures, un bonheur du cœur et des yeux, du lait de la tendresse humaine comme disait l’autre. Et un petit verre offert  à partager à la fin, parce que le lait, bon, ça va un temps !.. Et tout ça fait vraiment du bien. Le verre, c’est sûr, mais le théâtre, surtout !  : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : :

Un bus t’emmène d’un théâtre à l’autre, d’une  manufacture à la zône indus. Il y a un carré au sol, des volumes. Et si aujourd’hui était le dernier jour ? Alors on a le temps. Du prologue et de l’épilogue. De faire comme des tableaux. Dix. D’ouvrir des fenêtres sur la vie des gens. D’aimer. De patauger. De se demander si ça vaut l’coup, si ça vaut l’coup d’vivre sa vie. C’est pas triste, un peu grinçant parfois, mais tendre, attentif à l’humain en nous, en eux. Respectueux même des manques et des fragilités, du pas correct, de la rage , des frustrations. Puis on reprend le bus. Avec tout ça dans la tête. Ces images, ces traces. Ces souvenirs.

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Plus que deux jours. Ce soir j’ai loupé un rendez-vous. Peut être bien plusieurs, d’ailleurs.Le genre de trucs qui me laisse insatisfaite, agitée. Mais bon, toujours mon problème de vouloir tout. Pas choisir. Goûter. Même si ça ne se fait pas. Même si les raisonnables disent que .  : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : : :

Plus que deux jours. Demain, fin du travail, représentations, au revoirs. Tristesse douce. Les liens créés, qui se rompent, malgré la technologie moderne, internet et tout ça, parce que la vie. Puis une journée encore, pour moi, temps libre, pour profiter comme on dit. Le temps de voir, trois, quatre pièces et l’envie d’en voir encore vingt. Boulimique moi ? Non ! Amoureuse de tout ça. Heureuse ici. Heureuse d’un temps, d’un espace ou je trace ma propre route, ce qui ne diminue en rien le précieux du temps partagé en d’autres temps et d’autres lieux avec ceux que j’aime . Non, c’est autre chose. Besoin de liberté. D’une identité individuelle.  Besoin d’une chambre à soi, disait Virginia Woolf. Ma chambre, ici, à la taille d’une ville. 

 

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selva | 7/19/2006
KarmaOS