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Chroniques: Récits des origines

Récits des origines

 

(1) 

 


J'ai eu envie d’aller voir du côté de quelques récits fondateurs.. Il ne s’agit ni de juger ni d’évaluer.. juste d’entrer dans l’imaginaire et le symbolisme d’un autre peuple, et ainsi d’ouvrir une porte, de construire une passerelle.

 

Quelqu’un m ‘a expliqué un jour que chez les  Maori, il n’y a ni verbe être ni verbe avoir : « je suis telle chose »se rend par « je-telle chose », et « j’ai telle chose » se rend par « vers moi-telle chose ». Je me dis qu’on aurait beaucoup à apprendre à réfléchir aux langages des autres et, partant, à leur vision du monde, ne serait-ce que pour nous rappeler que nous ne sommes pas au centre de l’univers !

 

Voici donc un récit Maori, traduit du site lié ici.

 

 

 

 Avant la  lumière il n’y avait que l’obscurité, tout était nuit . Avant cela il y avait même une obscurité qui était le rien. De ces choses là on trouve le récit dans nos karakia, ceux qui ont été transmis depuis les temps anciens qui nomment tout les ancêtres du peuple Maori. Il est dit dans les karakia , qu’au début des temps se tenait Te Kore, le R Puis il y eut Te Po, la nuit, qui était immensément longue et immensément sombre.

  • Te Po nui,
  • Te Po roa,
  • Te Po uriuri,
  • Te Po kerekere,
  • Te Po tiwha,
  • Te Po te kitea,
  • Te Po tangotango...

Ce quisignifie la grande nuit, la longue nuit, la sombre nuit, l’intensément sombre nuit, la nuit chargée de ténèbres-mélancolie, la nuit non-vue, la nuit qu’il faut sentir. La première lumière à exister n’était rien de plus que l’éclat d’un ver luisant, et quand le soleil et la lune furent créés il n’y avait pas d’yeux, il n’y avait personne pour les voir,pas même kaitiaki. Le début fut créé à partir du Rien.

Puis Ranginui, le ciel, s’en alla vivre avec Papatuanuku, la terre-globe, et s’unit à elle, et ainsi la matière terre fut créée. Mais les enfants de Ranginui et Papatuanuku, qui étaient très nombreux, n’avaient pas encore forme humaine, et vivaient dans l’obscurité, car leurs parents ne s’étaient pas encore séparés. Le ciel était encore allongé sur la terre, aucune lumière n’était venue entre eux. Les cieux étaient au nombre de douze, et la couche la plus basse, allongée sur la terre, la rendait stérile. Elle n’était couverte que de plantes grimpantes et de mauvaises herbes , et la mer n’était que d’eau sombre, sombre comme la nuit. L’époque ou existaient ces choses là semblaient être une époque sans fin…

Finalement, les enfants de Ranginui et papatuanuku, épuisés par cette constante obscurité, se rencontrèrent pour decider que faire de leurs parents, afin que l’humain puisse naître. « Tuerons-nos nos parents, les massacrerons nous, notre père et notre mère, ou les séparerons-nous ? » demandèrent-ils. Et longtemps ils réfléchirent dans l’obscurité.

Finalement, Tumatauenga, le plus farouche de tous, parla: “C’est bien. Tuons –les,” dit-il.

Mais Tanemahuata, guardien de la forêt, répondit : « Non, n’agissons-pas ainsi. Il vaut mieux les séparer, et laisser le ciel loin au dessus de nous et la terre sous nos pieds. Que le ciel nous soit étranger, mais que la terre sous soit proche et soit notre mère nourricière. »

Certains parmi les autres fils , et Tumatauenga parmi eux, virent la sagesse en cela et acquiescèrent. D’autres furent d’un avis contraire et l’un deux, en cet instant  et à jamais, ne cessait de s’opposer à ses frèresil s’agit de Tawhirimatea, gardien des vents et des orages ; Car Tawhirimatea, craignant que son royaume ne soit renversé, ne souhaitait pas que ses parents fussent séparés de force. Aussi, au milieu de tous ceux qui acquiesçaient, se taisait-il, retenant son souffle. Et longtemps encore ils réfléchirent. A la fin d’un temps qu’aucun homme ne peut mesurer, ils décidèrent que Ranginui et Papatuanuku devaient être

Tout d’abord, Rongomatame, gardien de la nourriture humaine née des cultures, se leva et s’essforça de séparer la terre du ciel. Après qu’il eut échoué, Tangaroa,  gardien de toutes choses qui vivent dans la mer, se leva. Il s’escrima en vain. Ensuite Haumiatiketike, gardien de la nourriture que l’on ne cultive pas, se leva pour essayer, mais sans succès. Alors Tumatauenga, gardien de la guerre, bondit. Il entailla tendons et muscles qui liaient la terre au ciel, et les fit saigner, et cela donna naissance à l’ochre, l’argile rouge, la couleur sacrée.. Cependant meme Tumatauenga, le plus farouche des enfants, ne put malgré toute sa force séparer ranginui de Papatuanuku. Alors vint le tour de Tanemahuta.

Lentement, llentement, comme l’arbre Kauri, Tanemahuta s’éleva entre la terre et le ciel. Tout d ‘abord il essaya de les faire bouger avec ses bras, mais n’y parvint pas. Aussi il fit une pause, et cette pause dura immensément longtemps. Puis il plaça ses épaules contre la terre, sa mère, et ses pieds contre le ciel. Bientôt, et cependant bien plus tard, car le temps était vaste, le ciel ét la terre commençèrent à céder .

Les parents s’écrièrent : « Pourquoi cela ? Pourquoi ce crime ? Pourquoi vouloir assassiner l’amour de vos parents ? »

Le grand Tanemahuta usa de toute sa force qui était la force de ce qui croît et grandit. Loin au-dessus il poussa le ciel et le maintint là. Les muscles et tendons qui le retenaient furent étirés et tendus. Tumatauengabondit et entailla tous les liens qui liaient ses parents et le sang jaillit rouge sur la terre. Aujourd’huicela s’appelle le Kokowai, la terre rouge sacrée qui a été créée quand le premier sang a été répandu à l’aube du temps. Dès que le travail de Tanemahuta fut fini, on découvrit une multitude de céatures que Ranginui et Papatuanuku avaient engendrées, et qui n’avaient jamais vu le jour……

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2

 

Je suis retournée chercher sur une étagère un de mes « livres- fondateurs », période Brésil. Il s’agit de Maïra, un ouvrage de Darcy Ribeiro, qui mêle légendes des Indiens d’Amazonie, et fiction » (très ancrée dans le réel) contemporaine. Mon exemplaire du  livre a été publié chez Gallimard (collection « Du monde entier ») en 1978. Pour la réédition et des informations sur l’auteur, cliquez sur son nom : Darcy Ribeiro . Le livre est traduit du Portugais par Alice Raillard.

 http://www.librairie-compagnie.fr/portugal/bresil/ribeiro.htm

Voici quelques extraits de l’un des chapitres consacrées aux récits  des origines. Je n’ai pas choisi le début des récits, mais un autre passage : ( P 140  ed 1978)

Je ne suis pas très calée sur le droit ou l’interdiction de recopier des passages de livres sur le web ; mais je me dis que c’est comme un article dans un magazine et qu’après tout, c’est une promo comme une autre..

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Maïra

Un jour, le vieil Ambir voulut sentir ses créations. Il rota et lança le rot dans le monde pour être son fils. Le rot tourna lentement dans les airs , navigant dans l’obscurité et regardant les petites choses toutes chaudes qui palpitaient, vivantes, là en bas. Il vit alors, au milieu de la pénombre, des êtres plus grands qui se détachaient, imposants.

C’étaient des arbres. Il descendit dans l’un d’eux, entra bien dans le cœur. Il descendit dans les racines qui s’enfonçaient et avec elles mangea de la terre et but de l’eau. Il s’éleva ensuite avec le tronc dressé, fier de soi, montant et se ramifiant et s’ouvrant en branchages. Il circula avec la sève et sentit, là en haut, la grande frondaison de mille feuilles, vibrant au vent.

Longtemps Maïra jouit dans cet être branchu, feuillu, du sentiment d’être arbre. Il aima. Surtout les palmiers qui montent droit pour ouvrir leur éventail au plus haut. Un plaisir de monter par le tire-bouchon du tronc en sentant la douleur des cicatrices de tant de feuilles qui sont mortes pour que le palmier grandisse et donne des noix de coco.

De ce bouquet d’arbres, il en fit naître un autre, et ensuite d’autres et d’autres, pour mieux sentir le monde des arbres. Ainsi il fit la forêt énorme qui grandit et grandit encore plus. Maïra était maintenant la forêt sauvage….

( …………………………)

Le fils de Dieu  était là, dispersé,quand il vit un jour passer tout près notre ancêtre, Mosaingar, qui attira son attention. Maïra aima, voulut voir le monde par ses yeux. Il descendit, se revêtit de la peau de Mosaingar, et, bien en luit, se fit pour lui même un creux, un utérus. Là, assis, il perçut la symétrie des côtés gauche et droit-avec tout double mais différent, inversé- de ce grand-père qui serait sa mère. Il sentit d’abord l’étrangeté de ce corps à peau lisse, dénué de poils mais chevelu ça et là. Ensuite les pieds également nus, dépourvus de sabots, foulant le sol les doigts écartés, flexibles. Il admira les deux jambes soutenant ,seules, le corps droit, svelte. Il aima les deux bras se prolongeant en mains opposées, quis’ouvrent en doigts habiles et se terminent en ongles, sans l’agressivité des griffes.  Il expérimenta avec plaisir l’ampleur de la boite de la poitrine, avec ses soufflets pour respirer.

Il découvrit alors, enchanté, la tête mobile, avec ses fentes pour voir, entendre, humer, goûter. Il s’arrêta    pour mieux jouir de Mosaingar à travers  ses sens . Il vit, de ses yeux, l’obscurité du monde sans couleur, alentour. Il entendit de ses  oreilles, et reconnut, le bruit du vent bruissant dans la forêt. Il entendit aussi la musique lointaine des Juruparis, qui venait du fond des eaux. Il huma, avec son nez, parfums et puanteurs, tous faibles. Il ressentit à travers toute la peau de Mosaingar les chaleurs et les froids du monde . Il perçut alors, avec jouissance, que tout le corps se ressentait , sachant bien comment et où était chacune de ses parties innombrables. Il dégusta, enfin, longuement, de toute sa bouche, le plaisir de manger des choses de tous les goûts. Seul, il n’aima pas la lie qui restait après avoir vomi. Il sentit enfin, à nouveau, le corps entier, du bout des pieds étirés jusqu’aux cheveux hérissés, de la langue râpeuse jusqu ‘à la vulve dentue. Il trouva que c’était bien fait. (…)

 

http://www.photographie.com/?evtid=105242.

http://danslapeaudunpapou.survivalfrance.org/journal/journal-doss-06-05.html

http://www.brasilbeleza.com/page-bresil-france-associations-paris.html

http://www.peuples.org/wpp/assoc.php3

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3

Il y a quelques années, je me suis intéressée au « temps du rêve » chez les aborigènes d’Australie, au symbolisme d’Ayer’s rock et au principe du chant, de tradition orale et véhicule de la mémoire des ancêtres , qui semblait correspondre à une cartographie symbolique, onirique, et cependant bien réelle, c’est à dire servant réellement à « se diriger », dans tous les sens du terme.

A cette époque là, j’ai cherché des informations sur internet, et j’ai correspondu quelque temps avec une Australienne qui a essayé de m’expliquer les complexités et les subtilités de toutes ces notions. Parfois, j’avais le sentiment que plus j’avançais, plus je me perdais…Au bout du compte, entrer dans la pensée de l’autre c’est  accepter de ranger provisoirement la sienne au vestiaire. Parfois l’intuition nous fait entrevoir une clef qui pourrait ouvrir la porte  et nous permettre de voir par d’autres yeux. Parfois la porte reste close.

A nouveau cette fois si je me suis balladée sur le web, et me suis rendue compte que des millions de sites, ethnographiques ou personnels, abordaient le sujet. A quoi bon la  redondance ? Je préfère vous emmener sur quelques uns et vous laisser chercher vous mêmes les autres.

Voici un extrait  en guise d’apéritif….

 

Cosmogonie des aborigènes d'Australie

La cosmogonie des aborigènes d'Australie repose sur la notion de « Temps du Rêve », en anglais Dreamtime ou Dreaming, en langue locale « Tjukurpa ». À cette époque mythique, les ancêtres surnaturels, comme le Serpent Arc-en-ciel ou les Hommes Éclairs, créèrent le monde par leurs déplacements et leurs actions. Tjukurpa fournit une explication du monde, définit le sens de la vie, ce qui est bien ou mal, ce qui est naturel ou ce qui est vrai. Ces définitions règlent tous les aspects de la vie des Anangu, peuple de l'Australie Centrale.

Tjukurpa interprète chaque site et chaque élément du paysage en termes symboliques, il mêle le passé (c'est-à-dire l'histoire de sa création) avec le présent et sa signification. Beaucoup de ces informations sont secrètes et ne doivent pas être révélées aux non-aborigènes, les « Piranypa ».

Uluru a été créé pendant la Tjukurpa. Ce monolithe de 3600 m de long et de 348 m de haut proviendrait du jeu de deux enfants mythiques dans la boue un jour de pluie. Tout autour de ce rocher, de nombreux sites sont sacrés et porteurs de mémoire et de légendes.

Dans cette cosmogonie, la pensée a créé toute matière. La terre, les hommes, les animaux et les plantes ne sont que des parties d'un même tout. Donc les hommes ne peuvent pas posséder de terres ni d'animaux. Cette cosmogonie a provoqué de graves conflits entre les colonisateurs et les aborigènes qui ne comprenaient pas les notions de propriétés privées délimitées ou d'élevage.

 

http://www.australie.com.au/102.html

http://www.ausanthrop.net/french/articles/viesner1.html

http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/UVLibre/0001/bin40/culture.htm

http://www.oniros.fr/

http://blog.doctissimo.fr/ecrie_c_hurler_en_silence/index.php/rub/11752/rub/14895

Quelques années avant sa mort, mon père s’est mis à tracer des trajets en passant et repassant aux mêmes endroits autour de la maison où nous étions alors et qui était celle où il était né. Je l’observais tandis qu’il cheminait à pas lents et obstinés, paisible en apparence, concentré. Il me semblait qu’il y avait dans ses pas quelque chose qui allait beaucoup plus loin qu’une simple promenade.

Tans qu’il en avait la force, nous avons marché ensemble. Il me transmettait des chemins, des places de champignons, toutes choses dont la valeur se mesure à d’autres critères que le profit ou la simple possession. Les trajets n’étaient pas seulement les siens, mais ceux des ancêtres, des pas dans les pas des vivants du passé.

Un jour, il n’a pas pu aller au bout. En m’indiquant la suite de la route il a conclu : « Monte tout droit et tu trouveras le bon chemin. Je t’ai toujours montré le bon chemin. » Ce disant il avait une petite lumière d’humour dans l’œil, au souvenir sans doute de certaines conversations plus qu’animées sur nos points de désaccord.

A la fin de sa vie, lui qui n’avait jamais lu Shakespeare me disait «  qu’est ce que c’est que ce rôle qu’on m ‘a donné. Je n’aime pas ce rôle là » (« All the world’s a stage ………»

Lui qui était athée, concret dans ses pensées, marxiste, nourri d’utopies sur l’ devenir du monde (mais détruit par l’effondrement de ces mêmes utopies...) il s’était mis à parler par symboles , par fables, à percevoir et à transmettre son appartenance à  quelque ensemble qui le dépassait dans le temps et l’espace. Il ne semblait pas se rendre compte lui même… mais peut-être que si. Peut-être que l’approche de la mort nous défait de nos hardes personnelles pour nous revêtir de celles du l’humanité pour nons permettre de comprendre ce qu’il y a à comprendre dans cette appartenance.

Voilà que cette note sur les aborigènes m’a conduite à  mon père. Je ne suis pas sûre que ce soit un hasard.

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4

Ces jours ci les hasards d’une autre écriture ont amené sous mon stylo le mot Inuit. Par curiosité je suis allée voir si je trouvais des histoires. Mais plus j’avance dans cette série et plus je me dis qu’il ne sert à rien de recopier ce qui est déjà sur la grande toile, ni même de le traduire quand je peux le faire. Au fond, ce qui m’intéresse, c’est de partir de… et de voir ou ça m’entraine.

Alors voici le « starting block » d’aujourd’hui:

Les mythes et les légendes inuits sont en général de petits récits dramatiques traitant des merveilles du monde : la création, le paradis, la naissance, l'amour, la chasse, le partage de la nourriture, le respect des personnes âgées, la polygamie, le meurtre, l'infanticide, l'inceste, la mort et les mystères de la vie après la mort. Même de nos jours, les conteurs inuits remodèlent les anciens mythes et créent de nouvelles légendes en déguisant subtilement l'identité véritable des personnages mis en scène.

Les mythes inuits sont rarement simples et regorgent habituellement de curieux codes de conduite que seuls les membres de cette société peuvent vraiment comprendre. Les Inuits croient qu'un rapport étroit les lie à la nature et que les animaux possèdent le pouvoir magique d'entendre et de comprendre la parole humaine. C'est pourquoi, dans leurs camps, les chasseurs, lorsqu'ils chantent ou qu'ils racontent des histoires sur le morse ou le phoque, utilisent les termes « asticot » ou « pou », et « lemming » pour le caribou, croyant ainsi semer la confusion chez les animaux indispensables à leur survie.

Avant l'époque moderne, les Inuits croyaient en l'existence d'autres mondes sous la mer, à l'intérieur de la Terre et dans le ciel, endroits que les meilleurs angakoks (chamans) ont le pouvoir d'aller visiter en rêve et en transe. Ils visitent ainsi des endroits que le commun des mortels ne verra qu'après la mort.

Les rêves jouent depuis toujours un rôle important dans la vie des Inuits et sont peut-être à l'origine de certains genres de mythes. On les interprète avec soin. Ceux comportant des ours blancs auraient des connotations sexuelles, tandis que les rêves comprenant une belette annoncent des difficultés et les rêves d'oiseaux, des blizzards.

Certains mythes inuits invitent à la réflexion, peu importe la langue. En voici un exemple très bref : Sur le bras d'un garçon se pose un moustique. « Ne me frappe pas! Ne me frappe pas! bourdonne-t-il, je dois chanter pour mes petits-enfants ». - « Pensez donc, dit le garçon, être si petit et déjà grand-père ».

Les mythes les plus célèbres parmi la grande variété de mythes inuits comprennent la légende de la déesse de la mer aux noms divers (Sedna, Nuliayuk et Taluliyuk), celle de Lumiuk (Lumak, Lumaag), celle de Kiviok et celle de Tiktaliktak.

La déesse de la mer porte des noms divers selon les régions, mais son mythe est l'un des plus répandus. Selon certains, un jeune et bel étranger entra un jour dans l'IGLOO d'une famille pendant un violent blizzard. Il portait un collier orné de deux grosses canines. On l'invita à dormir dans le lit avec toute la famille. Au réveil, le jeune homme avait disparu. Ne voyant que des traces d'animal au dehors, le père déclara : « On nous a trompés. Ce devait être mon chien de tête déguisé en homme ». Quand sa fille se trouva enceinte, le père eut honte de l'être qu'elle pourrait mettre au monde. Il la fit se coucher à l'arrière de son kayak et l'emmena dans une petite île où il l'abandonna. En secret, le chien de tête nagea jusqu'à la fille pour lui apporter de tendres morceaux de viande qui lui permirent de survivre et de donner naissance à six enfants. Trois avaient les traits des Inuits et trois autres, de grandes oreilles et un nez en forme de museau. La jeune mère ne savait pas construire un kayak. Elle confectionna donc un grand chausson à l'aide de peaux de phoque cousues ensemble et y plaça les trois enfants étranges qu'elle poussa vers le sud en criant : 'Sarutiktapsinik sanavagumarkpusi' (Vous saurez fabriquer des armes.). Selon certains Inuits, tous les Blancs et tous les Indiens descendent de ces trois enfants-chiens, et c'est là leur seul lien de parenté avec les Inuits.

Dans la seconde partie du récit, racontée d'habitude la nuit suivante, le père part dans un grand canot de peau appelé UMIAK chercher sa fille dans l'île. Sur le chemin du retour, une tempête s'élève et l'équipage, craignant de voir chavirer le canot surchargé, décide de jeter la fille par-dessus bord. Celle-ci essaie de se hisser à nouveau dans le bateau, mais son père lui coupe les doigts qui se transforment en phoques. Elle essaie encore, et il lui tranche les mains qui se transforment en morses. Elle fait une dernière tentative et son père lui coupe les avant-bras qui deviennent les baleines des océans. Puis, sombrant dans les profondeurs, elle devient Sedna, ou Taluliyuk, puissante déesse mi-femme mi-poisson qui règne sur la faune marine et à qui s'adressent maintes chansons. Au début des saisons, les Inuits rejettent à l'eau des morceaux du foie du premier mammifère marin tué, implorant Sedna de libérer ses hordes afin d'aider les chasseurs à nourrir leurs familles.

(extraits )

Auteur JAMES HOUSTON

 

Pour lire le reste :

http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0004043

 

 

Je ne sais pourquoi, cette lecture m’a rappelé à son tour un livre qui s’appelle , peut être le connaissez vous, « Femmes qui courent avec les loups ». Dans ce travail sur la transmission des contes  et leur rôle structurant, initiant, guérissant (j’emploie exprès ce mot) auprès des femmes (et des hommes qui les accompagnent sur ce chemin), Clarissa Pinkoles Estes aborde les choses assez différemment, par exemple, de Bettelheim, même s’il y a des points communs

En ce moment regardant autour de moi et en moi-même, je me pose beaucoup de questions sur la fragilité de l’équilibre entre le soi et l’autre, et les autres aussi, et la difficulté  d‘ajuster tout cela au quotidien. S’occuper de soi peut être taxé d’égoïsme mais ne pas le faire n’est pas une bonne idée non plus. Chercher son propre développement passe par le lien avec la personne avec qui on vit et sa famille, mais aussi par ce qu’on construit ou explore seul (e). Hélas le temps n’est pas élastique. Que signifie « être là » ? Comment exprimer nos besoins et entendre ceux des gens qu’on aime quand ils divergent ?

Cela signifie-t-il que les contes nous offrent des ouvertures sur de nouvelles manière de mettre de l’huile dans ce qui grince un peu et d’explorer des savoirs intuitifs  que nous n’avons parfois même pas conscience d’avoir enfouis en nous. En lisant le début de l’article sur les mythes Inuits, j’ai trouvé intéressante la variété et l’aspect noir et douloureux de certains des thèmes traités. Puis j’ai souri à l’idée que l’on puisse créér de nouveau mythes  modernes en tachant de cacher le fait que nous parlons par exemple de nos voisins. Belle idée, ça me plait bien. La parole qui circule à travers le temps ne saurait être figée et momifiée. L’expérience des anciens est inutile aux plus jeunes ? Peut être. ………Mais……..

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5

 

 

Ouvrir les yeux

Effort

Noir

Ouvrir les yeux

Paysage familier

Vide

Noir

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Beaucoup plus lentement les yeux ouverts sur le lagon familier, désert. Tous partis.

Je suis seule.

Je ne peux pas bouger.

Noir

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J’ouvre les yeux  sur la nuit étoilée.

Je bouge un peu. A peine. Le temps passe.

Ils ne reviennent pas.

Ils m’ont abandonnée.

Sous mes doigts le sang de vie sèché qui colle un peu.

Je bouge assez pour rouler dans la pente jusqu’au sable.

C’est doux.

Je me rappelle la violence.

Noir

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Et ainsi longtemps.

Puis je me lève.

Mes jambes ne me portent pas.

Je reste assise.

Je regarde l’eau du lagon et je sens les poissons.

Nourriture.

Pluie.

J’ouvre la bouche, les mains.

Je bois.

Je vis

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Encore du temps.

Je compte : les vieux ; elle un et son bébé ; elle-deux des peaux de bêtes ; lui des armes-cailloux. Lui-deux des yeux liquides ; Lui-trois des bondissants ; elle des mélopées ;lui du silence.

Tous partis.

Je me rappelle l’attaque des autres de terre rouge. Les cris. Le pieu dans ma chair. Le sol monte à moi. Noir.

Tous partis

Je cherche à comprendre.

Les miens. Pensé morte, bon.

Les autres, pour le lagon,  nourriture, facile, abrité, ça va.

Alors pourquoi partis aussi ?

Je fabrique un  bâton-pêche.

Je fais ma force à nouveau.

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Je cours et grimpe et manie le bâton-pêche et d’autres aussi que je fabrique, plus longs, plus lourds.

Je repousse un bondissant.

Je sens  un feu en moi, une rivière, une avalanche de cailloux

Je sens ma force.

Je sens cette nécessité qui me pousse en avant.

Mes pieds  frémissent.

Encore j’attends.

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C’est le jour.

L’orage a lavé le sol et le ciel.

J’ai fabriqué un sac de longues-feuilles tressées , j’ai pris des  racines-douces, des fruits séchés de l’arbre-caverne, du sable d’ici.

Le sable ne se mange pas.

Je le prends quand même.

Je sais quelle direction ils ont prise le jour où ils m’ont laissée là.

La piste est ancienne mais je sais lire les signes.

Je suis elle-trois des   pas-dire et des choses qui guérissent.

Je bondis légère et signe de trois empreintes le début de ma route.

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Ici.

 

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6

 

Il sort en courant de la maison .

Derrière lui, des voix protestent. Ses parents. Des arguments qu’il n’entend pas.

Il bouscule quelqu’un  qui maugrée quelque récrimination contre la jeunesse

Il croise un visage qui l’arrête presque dans sa course. Une hésitation de trop. Il revient sur ses pas. Elle a disparu dans la foule.

Il sait qu’il la retrouvera.

En ville, partout des musiciens ; ici des flûtes, là des percussions , ailleurs des harpes.

Les visages sont heureux, détendus. On danse un peu, timidement.

Il rencontre des amis de son âge. En bande, ils vont d’un groupe à l’autre, se donnent du courage, sourient à celles ou ceux qui font  battre leur cœur et vibrer leur corps. La danse et la musique embellissent les corps. La sueur dessine un film brillant qui  fait jouer les muscles sous le satin de la peau.

Et ainsi toute la nuit, et du vin volé  à la table de plus grands qu’eux les enivre d’une exaltation  joyeuse.

A l’aube ils vont s’assoupir sur la plage.

Elle passe lentement . Elle le regarde.

Il s’éveille.

 

Ici           http://www.memo.fr/Article.asp?ID=ANT_GRE_031

http://www.webdonline.com/fr/services/forums/message.asp?id=298382&msgid=3613163&poster=0

http://sens-de-la-vie.com/forums/viewtopic.php?topic=2698&forum=13&a_p=

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7

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Qu’est-ce qu’un sourire ?
Le sourire est l’expression faciale non verbale d’une émotion. Il naît de sentiments positifs comme le plaisir, la gaieté, l’affection, la tendresse, la sympathie, mais aussi négatifs comme l’ironie, le mépris ou la cruauté.

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Pourquoi sourit-on ?
Le sourire est un signal muet de sociabilité : généralement signe d’apaisement, il informe sur l’absence d’agressivité. Pour Darwin, il s’explique par le principe dit « des habitudes utiles » : « dans la joie, on pousse naturellement des cris, le cri exige la bouche ouverte et la bouche ouverte exige à son tour les contractions en question qui se produisent à l’état faible dans le sourire ».

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Comment sourit-on ?
En remontant la bouche, les yeux, le front, les narines et les oreilles grâce aux muscles peauciers, aptes à effectuer des mouvements rapides et innervés par le nerf facial. 15 muscles entrent en jeu dans le sourire, dont le buccinateur, l’occipital, l’orbiculaire, le petit et le grand zygomatique.

La suite c’est ici et ici

http://www.museedusourire.com/faq_sourire.html

http://www.museedusourire.com/musee.html

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Premier sourire

 

A vingt ans elle  suivit un garçon qui en avait trois de moins et qu’elle connaissait à peine, pour le plaisir  de la route, vers l’Espagne.

 

L’envie d’ailleurs avec trois sous en poche les avait réunis, ainsi que la générosité des idées , l’amour des utopies ; tout le reste ou presque les séparait .Le voyage connut plus de disputes , de chamailleries et de malentendus que de bonheur paisible ou d’amour fou. Mais des moments de justesse absolue, de fulgurance éblouissante, de découvertes fondatrices, rendaient supportable tout le reste.

 

L’un de ces moments fut le sourire de la dame d’Elche. Ils en avaient vu l’image sur un livre avant de partir. Ils procédaient ainsi. Une image, un mot, les mettait en route. Un échec, une maladresse, les anéantissait. Puis l’énergie leur revenait, le désir d’aller voir, d’expérimenter, de comprendre, de se frotter aux rugosités de la vie dans un pays qui était encore sous le joug d’un dictateur mais se paraît d’ombres et de lumières trompeuses  pour les voyageurs , même ceux qui avaient lu des livres et palabrés d’assemblée générale en veillée..

 

La dame d’Elche ne les déçut pas. Il y avait dans son sourire  des promesses de secrets à découvrir, de mondes à comprendre, de mystères à frôler. Celui ou celle qui l’avait sculptée leur faisait entrevoir l’immense champ des possibles, et qu’il n’y avait pas seulement une géographie de latitudes et de longitudes, mais aussi une exploration possible des profondeurs de l’invisible. L’espace d’une soirée ils se sentirent en paix avec eux même et avec le monde.

 

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Deuxième sourire :

 

C’est une photo en noir et blanc, on voit que c’est encore l’hiver, il reste des pans de neige blanche sur les champs noirs, et eux deux ils sont  plantés là au milieu à sourire au photographe.

 

 Elle tient un petit bouquet ; elle n’a pas de robe de mariée mais un joli ensemble qu’elle avait cousu elle même et qui devait être bleu clair ou gris clair, la photo a été prise en 1943 et il était difficile de trouver ce qu’on voulait comme tissu.

Lui, il a un costume sombre avec une chemise blanche et une cravate, le pantalon est un peu ample, et la veste a une carrure à cause des épaulettes.

 

Elle, elle se tient toute droite et elle sourit très simplement, tout droit aussi, avec la bouche et les yeux et tout le visage. Lui, il est un tout petit peu penché, déporté sur le côté, avec un léger déhanchement, et comme il la tient par la taille son visage est  comme incliné vers le visage  de la femme. Il sourit aussi mais un peu différemment, sa bouche, ses dents, font un sourire à peine un peu assymétrique, ses yeux aussi sourient.

 

C’est surprenant de les voir dans la neige et la boue avec cette simplicité et ce sourire. C’est beau aussi. Ils sont proches et cependant chacun dans son énergie propre. Ce qui leur importe le plus à cet instant, ils l’ont, là, et ça n’a pas de prix. Alors ils sourient et ils sont prêts à dévorer le monde.
selva | 6/1/2006
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